"Homicide routier" remplace le terme "homicide involontaire par conducteur" : qu’est-ce que ça change ?
La Montagne Publié le 28/07/2023 à 06h04
En devenant « homicide routier » par une modification du Code pénal, l'homicide involontaire commis par un conducteur restera puni jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 € d'amende. Mais alors qu'est-ce ce que cela change ? Les réponses de Sarah Juillard, avocate au barreau de Clermont-Ferrand.
La conduite après usage de stupéfiants désormais retenue même en cas de consommation de CBD.
Depuis la réforme de 2016, les prélèvements salivaires opérés sur les conducteurs ne donnent plus lieu à des taux. Le laboratoire va simplement indiquer la présence ou l’absence de produits stupéfiants.
Les tests salivaires utilisés par les forces de l’ordre ont généralement un seuil de détection fixé à 10 à 15 ng/L. Par exemple, le test Draeger DrugTest® 5000 est un test salivaire qui détecte le D9-THC avec un seuil de 5 ng/ml.
Depuis 2021, le CBD est légal en France s’il présente moins de 0,2 % de teneur en THC. En principe donc, le CBD ne devrait pas être décelé par les tests de dépistage salivaires.
La réalité est malheureusement différente car ces tests ne sont pas totalement fiables. Par ailleurs, la consommation intensive voire simplement quotidienne de CBD va accumuler le THC dans l’organisme et peut positiver les tests.
Ainsi nombre de consommateurs de CBD sont aujourd’hui poursuivis et condamnés par la justice pour conduite après usage de stupéfiants.
Après une période de flou jurisprudentiel où certains tribunaux du territoire relaxaient les usagers et d’autres les condamnaient, la Cour de Cassation a finalement tranché par un arrêt du 21 juin 2023 (n°22-85530).
« En prononçant ainsi, alors que l’autorisation de commercialiser certains dérivés du cannabis, dont la teneur en delta 9 tétrahydrocannabinol, substance elle-même classée comme stupéfiant par l’arrêté susvisé, n’est pas supérieure à 0,30 %, est sans incidence sur l’incrimination de conduite après usage de stupéfiants, cette infraction étant constituée s’il est établi que le prévenu a conduit un véhicule après avoir fait usage d’une substance classée comme stupéfiant, peu important la dose absorbée, la cour d’appel a méconnu les textes précités. »
La Cour de cassation considère qu’à partir du moment où il entraîne la présence de traces de THC, la consommation de CBD est incompatible avec la conduite.
Elle a visiblement laissé de côté l’élément moral (intentionnel) de l’infraction ce qui regrettable autant que discutable.
Aussi, la seule manière de vous disculper est de demander systématiquement et sur le champ une prise de sang aux enquêteurs ! Ne signez jamais le formulaire de renoncement de votre droit à contre-expertise.
LA MONTAGNE dénonce les dysfonctionnements du service des permis de conduire de la préfecture du Puy-de-Dôme
Publié le 29/11/2022
"Spécialisée dans la défense des automobilistes, Sarah Juillard monte au créneau pour défendre ses clients. Lors d’un retrait de permis en lien avec l’alcool ou les stupéfiants, les conducteurs doivent d’abord passer devant une commission médicale à la préfecture du Puy-de-Dôme avant d’avoir l’autorisation d’utiliser à nouveau leur véhicule une fois la suspension purgée. Le hic, ce sont les délais pour passer devant cette commission qui ont augmenté."
"Me Sarah Juillard est avocate spécialisée en droit routier à Clermont-Ferrand. Son quotidien ? Aider les automobilistes à récupérer leur permis…"